En apparence, le travail photographique d’Emma Derieux-Billaud semble emprunter
largement les codes de l’industrie de la mode, surtout de la fast fashion. On peut penser
aux fonds blancs, aux silhouettes interchangeables dont les postures sont quelque peu
mécaniques, aux regards sans expression et surtout aux vêtements qui semblent avoir
été disposés à la surface des corps, comme les figurines des poupées en papier pour
enfant et leurs habits à languettes tenant maladroitement sur les épaules et les hanches.
Mais derrière la fascination, la répulsion n’est jamais loin : le Petit monde d’Emma
Derieux-Billaud paraît surtout révéler l’artificialité, l’étrangeté des mises en scène
qu’elle provoque. Elle joue à bouleverser les échelles, photographie des vêtements de
poupée comme s’il s’agissait de robes de couturiers, saisit ses modèles comme des
marionnettes. Les intérieurs qui accueillent les mannequins se voient eux aussi
détournés : les chambres aux murs recouverts de papier peint dans lesquelles elle
photographie les jeunes femmes ne ressemblent-elles pas à d’effrayantes maisons de
poupée ? Et lorsqu’elle obtient l’autorisation de faire des prises de vue de réelles
maisons de poupée au musée du même nom à Varsovie, avec leurs intérieurs vides
d’êtres, comment ne pas penser à des espaces cinématographiques, où « quelque chose »
aurait pu se passer ? Sous la surface, rien n’est masqué : ni les points de colle aux angles
des meubles miniatures, ni les rouges à lèvres un peu baveux sur les bouches de ses
modèles. Alors, les fissures affleurent peu à peu.
largement les codes de l’industrie de la mode, surtout de la fast fashion. On peut penser
aux fonds blancs, aux silhouettes interchangeables dont les postures sont quelque peu
mécaniques, aux regards sans expression et surtout aux vêtements qui semblent avoir
été disposés à la surface des corps, comme les figurines des poupées en papier pour
enfant et leurs habits à languettes tenant maladroitement sur les épaules et les hanches.
Mais derrière la fascination, la répulsion n’est jamais loin : le Petit monde d’Emma
Derieux-Billaud paraît surtout révéler l’artificialité, l’étrangeté des mises en scène
qu’elle provoque. Elle joue à bouleverser les échelles, photographie des vêtements de
poupée comme s’il s’agissait de robes de couturiers, saisit ses modèles comme des
marionnettes. Les intérieurs qui accueillent les mannequins se voient eux aussi
détournés : les chambres aux murs recouverts de papier peint dans lesquelles elle
photographie les jeunes femmes ne ressemblent-elles pas à d’effrayantes maisons de
poupée ? Et lorsqu’elle obtient l’autorisation de faire des prises de vue de réelles
maisons de poupée au musée du même nom à Varsovie, avec leurs intérieurs vides
d’êtres, comment ne pas penser à des espaces cinématographiques, où « quelque chose »
aurait pu se passer ? Sous la surface, rien n’est masqué : ni les points de colle aux angles
des meubles miniatures, ni les rouges à lèvres un peu baveux sur les bouches de ses
modèles. Alors, les fissures affleurent peu à peu.






















